Manches courtes
Matière : coton
Col en rond
Visuel impression digitale
Les pavés de la rue ressentaient, ouais, ils ressentaient le froid humide de la nuit qui se traînait, incolore, sans un bruit, sans un murmure. Le vent déchiqueté, il effleurait les façades usées, les enseignes éteintes, les fenêtres closes, il transportait des frissons, des souvenirs d’ombres et de pluie, des éclats de lune délaissés, perdues dans le ciel infini.
Et là, au milieu du silence crevé, un passant, un homme, marchait, solitaire, une ombre parmi les ombres, une âme en errance sous le voile étouffant de la nuit. Il avançait, ouais, il avançait sur le pavé glacé, son allure déchirée par le souffle du vent, sa silhouette taillée dans le noir et l'argent du monde endormi.
Sur son T-shirt, un loup, un énorme loup d'encre et de fil, ouvrait une gueule immense, dévoilant des crocs aiguisés, brillants, implacables. Le loup semblait vouloir dévorer la lune, ouais, dévorer la lune pâle et fragile imprimée sur le tissu, une lune qui tremblait, éclat d’argent et de silence, dans le ciel noir du T-shirt.
Sûrement un adepte des Vikings, ouais, sûrement, avec dans son pas lourd l’écho des guerriers du Nord, des hommes forts et fiers, des hommes de fer et de glace, attendant le Ragnarök, la fin du monde, la grande bataille des dieux et des géants, la destruction et la renaissance, le feu et la cendre, le chaos et la lumière.
L’homme marchait, ouais, il marchait, le loup sur sa poitrine hurlait dans le silence, hurlait à la lune, à la nuit, à l'univers endormi, un hurlement muet, un cri d'abîme et de néant, un cri de faim et de fureur, de désir et de destruction, un cri qui traversait les âges, les mondes, les ciels étoilés et les mers déchaînées, un cri qui appelait le Ragnarök, la fin et le commencement, la mort et la vie, la nuit et le jour.
Dans le silence de la rue, dans le froid de la nuit, l’homme au T-shirt du loup et de la lune marchait, ouais, il marchait, une ombre parmi les ombres, un guerrier parmi les fantômes, un dieu parmi les hommes, attendant, oui, attendant dans l’écho du vent et des pavés, dans le murmure des étoiles et des nuages, attendant le Ragnarök, la grande bataille, la grande fin, la grande renaissance, le grand tout.
Là, dans le noir et l'argent de la nuit, l'homme, le loup, la lune, marchaient, unis, entrelacés, tissés d’éternité et de silence, de rêve et de réalité, de mort et de vie, marchant vers le Ragnarök, vers la fin, vers le commencement, vers l'infini.
